La lettre”Polemia” du 13 janvier nous proposait un texte signé Jean-Yves Le Gallou sous le titre : L’échiquier de Machiavel : Macron, Fillon, Le Pen, la triangulaire qu’on nous prépare.
C’est en effet le “On nous prépare” qui est éloquent et l’on devinera sans peine que ce “On”désigne l’ensemble des media. L’article s’appuie sur le fait qu’un duel Fillon/Le Pen était “médiathiquement” une hypothèse insoutenable, il fallait donc trouver un “un troisièle homme”.
Quelques extraits dudit article : Le troisième homme est un marronnier de l’élection présidentielle : ce fut Chirac en 1981 ; Barre en 1988 ; Chirac à nouveau en 1995 ; Chevènement (qui finit à 5%) puis Jean-Marie Le Pen en 2002 ; Bayrou en 2007 ; Marine Le Pen en 2012. Il arrive que le troisième homme se hisse en finale (Le Pen en 2002), voire la gagne (Chirac en 1995).
Macron endosse les habits du troisième homme
Les médias ont trouvé le « troisième homme » de 2017 : Emmanuel Macron, le candidat des banques et des puissances étrangères (sauf la Russie) et donc… le candidat des médias.
Il suffit d’attendre l’échec de la primaire socialiste – c’est-à-dire une faible participation au scrutin – pour voir le scénario se mettre en place. Certes Macron – en provenance directe de la banque Rothschild et du secrétariat général de l’Elysée – paraît un peu hors sol. Mais il peut néanmoins coaguler un électorat non moins… hors sol :
*Les bobos des centres villes, bénéficiaires de la mondialisation ;
*Les minorités sexuelles et les immigrés dans la foulée de la stratégie de Terra nova.
A cela il faut ajouter la capacité des médias à mobiliser le marais de la bienpensance et du centrisme mou (pardon du pléonasme !). Lors des dernières élections régionales, la campagne médiatique de diabolisation du FN a mobilisé contre ses candidat(e)s entre 5% à 7% d’abstentionnistes entre les deux tours. L’un des enjeux pour Macron et les médias de propagande qui le soutiennent est de mobiliser ces électeurs dès le premier tour. Pour cela il suffira de leur seriner qu’il faut à tout prix éviter d’avoir un choix limité, selon leur vocabulaire, entre « la droite et l’extrême droite ».
Dès 2016 Jacques-Henri d’Avirac avait soupesé les chances de Macron sur Polémia : http://www.polemia.com/pourquoi-macron-peut-gagner/ Ce match à trois sera meurtrier pour les autres candidats qui risquent de pâtir du « vote utile » : Nicolas Dupont-Aignan à droite, l’écolo et Mélenchon à gauche. Ce match à trois sera aussi complexe ! Les enjeux en sont les suivants : pour Macron se hisser au deuxième tour ; pour Fillon arbitrer entre les centristes, les conservateurs et la France périphérique ; pour Le Pen écarter le péril du « vote utile ».
Macron : se hisser au deuxième tour
Macron ne peut se hisser au deuxième tour que s’il parvient à agréger à son électorat naturel les voix de ses concurrents qu’il aura préalablement asséchées : jouable, s’agissant du candidat socialiste s’il est mal élu ; plus difficile, pour Mélenchon.
Il lui faudra aussi choisir sur qui « cogner » le plus… sans le renforcer trop. Macron doit-il chercher à éliminer Fillon pour assurer sa victoire au deuxième tour et pour cela s’allier tactiquement à la présidente du FN pour passer Fillon à la centrifugeuse ? Ou bien viser l’élimination au premier tour de Le Pen si celleci reste derrière Fillon ? Au risque d’un deuxième tour plus difficile. ….
Grands enjeux, grands absents ?
Le spectacle présidentiel peut donc offrir quelques surprises. Il n’est pas certain, en revanche, que les grands enjeux historiques soient posés devant les Français. Peut-on sérieusement parler d’immigration sans évoquer le Grand Remplacement démographique et civilisationnel ? Peut-on sérieusement croire à l’assimilation d’un grand nombre d’Africains noirs et de musulmans religieux ou culturels alors que l’expérience des 40 dernières années dément cruellement cette hypothèse ?
Peut-on sérieusement dire que 5.000 à 10.000 gendarmes de plus et autant de policiers supplémentaires amélioreront la sécurité alors que ce qu’on appelle l’Etat de droit – c’est-à-dire la dictature des juges – rend quasiment impossible l’expulsion des étrangers en situation irrégulière et la mise hors d’état de nuire des délinquants ?
Peut-on sérieusement envisager un retour à la démocratie et à l’ordre républicain sans remise en cause du pouvoir des juges tel qu’il s’exerce à travers la Cour européenne des droits de l’homme, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat, la Cour de cassation ?
Peut-on sérieusement retrouver l’indépendance avec 2000 milliards de dette, un déficit budgétaire représentant le quart des dépenses publiques et un déficit de la balance des paiements courants extérieurs de plusieurs dizaines de milliards ?
Jean-Yves Le Gallou
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