« Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre », dit l’adage. Le Président bientôt sortant a négligé les signaux explicites émis par le pays. Ses refus d’admettre que le réel s’impose même aux plus hautes autorités de l’État sera sans doute l’une des causes les plus évidentes de ses échecs multiples et répétés. Vae victis !

Malheureusement, ce travers est partagé par beaucoup à droite comme à gauche. Ils ne condescendent pas à s’abaisser jusqu’à prendre le pouls des sans-dents et autres vulgum pecus qui sont pourtant la nation. L’isolement que confère une once de pouvoir est, à ce titre, une calamité. Le jacobinisme centralisateur serait-il irrémédiablement inscrit dans l’ADN de ceux qui briguent des mandats ?

Deux exemples illustrent ce divorce entre une caste et le peuple, et le refus du peuple de se laisser dorénavant guider vers l’abîme.

Alexandre Jardin, auteur de romans, avait lancé il y a deux ans un mouvement « bleu blanc zèbre » afin de promouvoir et favoriser l’initiative et l’action citoyenne.

L’intuition est a priori bonne, la subsidiarité et l’initiative méritent la place que l’autorité leur conteste. Plus récemment, il avait laminé le très technocrate Bruno Le Maire et son programme de plus de 1.000 pages de docteur Je-sais-tout. Il annonce se porter candidat à l’élection présidentielle, sans doute pour bénéficier d’une tribune où il diffusera son message : serait-ce pour être écouté des autres candidats et de leurs complices médiatiques plus que par des électeurs ?La contestation contre la loi Taubira a été la bonne surprise de ce quinquennat presque achevé. Elle a révélé une fracture que d’aucuns pensaient comblée, mais elle a plus encore provoqué la réaction quasi totalitaire du pouvoir en place : censure des interlocuteurs naturels, répression violentes de manifestations pacifiques, mensonges divers, rejet illégal de la pétition du CESE, arbitraires privations de libertés pour cause de veillées ou de port de sweat-shirt, embastillement d’un prisonnier politique. Des méthodes dignes d’une démocratie de type populaire. La Manif pour tous, vaisseau amiral de cette lutte anthropologique pour les familles, s’inscrit durablement dans le paysage national. Mieux : elle s’exporte, parraine des résurgences ailleurs et s’oppose aux instances européennes qui, asservies aux tenants de l’idéologie libérale-libertaire, induisent une destruction anthropologique dont les peuples d’Europe ne veulent plus. Elle promeut aujourd’hui, à l’échelon européen, l’initiative Mum, Dad & Kids sous forme de pétition afin d’acter dans l’Union l’intangibilité de la famille traditionnelle.

C’est une bonne nouvelle que des citoyens, court-circuitant des partis traditionnels en perdition, se prennent en main et proposent des alternatives qui partent de la base pour s’étendre par capillarité, au lieu de subir des diktats qui descendent d’un Olympe politique démonétisé.